L’avenir de l’équipe tunisienne de handball des jeunes fait l’objet de nouvelles mises en garde, alors que des rapports font état de tentatives intensives d’attirer et de naturaliser des joueurs de pays étrangers, en particulier de la région du Golfe, ce qui menace de vider l’équipe de ses joueurs les plus prometteurs.
Après la récente participation au championnat arabe, de sérieux doutes ont été soulevés quant à la possibilité de cibler un certain nombre de joueurs de l’équipe nationale en leur proposant de changer de nationalité sportive, ce qui a incité de nombreuses voix à appeler à « protéger » ces talents afin qu’ils ne soient pas emportés par des promesses qui pourraient mettre un terme prématuré à leurs rêves.
Mohamed Ben Othman tire la sonnette d’alarme
L’entraîneur Mohammed bin Othman, qui supervise les catégories junior et jeune du JammalClub, a récemment révélé qu’un certain nombre de joueurs ont été directement recrutés par des « chasseurs de talents », qui travaillent pour des fédérations sportives cherchant à renforcer leurs rangs, en particulier dans les pays du Golfe.
Le sélectionneur a confirmé que des promesses de naturalisation et de participation à d’autres équipes nationales ont déjà été faites à des joueurs, ce qui risque de faire perdre à la Tunisie des joueurs sur lesquels elle fonde de grands espoirs pour l’avenir de l’équipe nationale.
Un appel à l’action pour la Fédération et le Ministère
Ces développements nécessitent une intervention urgente de la Fédération tunisienne de handball et du ministère de la Jeunesse et des Sports pour ouvrir une enquête, vérifier la validité des données qui circulent et prendre des mesures concrètes pour protéger les jeunes joueurs qui se trouvent à un stade critique de leur carrière professionnelle et personnelle.
À cet âge, la personnalité du joueur se forme et ses ambitions se cristallisent, ce qui le rend vulnérable aux tentations et aux choix irréfléchis qui peuvent revenir le hanter plus tard.
Les pertes dépassent le cadre du sport
Les répercussions ne se limitent pas à l’aspect sportif :
- Les parents qui voient l’avenir scolaire et professionnel de leurs enfants compromis.
- Les clubs tunisiens qui ont investi des années de formation et d’efforts, et qui se retrouvent face à une « migration » forcée pour des sommes qui ne compensent pas les pertes réelles.
- La Fédération tunisienne de handball mise sur cette catégorie comme base solide pour construire une première équipe forte à l’avenir.
Sommes-nous en train de perdre notre élite sportive ?
Le départ de ces joueurs n’est peut-être pas « la fin du monde », mais il témoigne de notre incapacité à retenir notre élite sportive. Les pays qui cherchent à les naturaliser ne se limitent pas au Golfe, mais il y a aussi de grands pays européens qui ont fait venir des talents du monde entier, notamment en athlétisme, en boxe et en lutte, par le biais du recrutement sur le terrain ou de l' »évasion » de joueurs de leurs missions officielles.
Pour être juste, le sport tunisien a parfois utilisé des joueurs naturalisés, mais n’a jamais recruté directement des joueurs des équipes nationales de jeunes. Ceux qui ont été naturalisés ont passé de nombreuses années en Tunisie, se sont intégrés au tissu social et certains ont même épousé des Tunisiennes.
La Fédération doit prendre une décision
A la lumière de ces développements, la Fédération tunisienne de handball (FTHB) est appelée à mettre fin à ce problème en ouvrant un dialogue avec les joueurs et les clubs, en clarifiant les questions légales et éthiques, tout en réfléchissant à des mécanismes pour les protéger psychologiquement et financièrement, et en assurant leur future carrière en Tunisie.